Amoureux des livres, je vous souhaite une belle Année 2024! 

Ça aurait   pu être une année ordinaire, banale en somme, avec tout de même quelques coups d’états, deux ou trois forêts qui brulent, un nazi à mèche brune qui se réincarne en suprémaciste à mèche blonde, plusieurs disparitions déprimantes, quelques catastrophes climatiques et autres affligeants scandales d’une république qui n’a rien d’exemplaire (Pas vu Pas pris Monsieur Le Ministre ? Perdu !)  Mais non, pas du tout, ce fut une année où rarement l’horreur s’est aussi bien conjuguée avec le mépris humain, où la guerre s’est définitivement banalisée, ou la cacophonie du monde et   le crétinisme des hommes politiques n’a cessé d’empoisonner les esprits et les cœurs, par leurs mensonges permanents criants de vérité, ceux-là même dont Nietzsche disait que « Nul ne ment plus qu’un homme indigné ». Que d’exemples légion ! Où nos yeux effarés se sont brulés aux images toujours plus effroyables déversées sur les écrans par des chaines d’infos bollorisées, mais, aussi, où nous nous sommes de plus en plus asservis aux Intelligences Artificielles tout en cherchant, avec tant de peine, l’intelligence tout court. Ukraine, Soudan, Yemen, Haut- Karabagh, Palestine, Israël, Canada enfiévré d’incendies, France noyée d’inondations, Espagne de sècheresse incurable, notre Terre, unique, se craquèle, nos sociétés se disloquent ouvrant des plaies béantes que tels des médecins sauvages nous nous obstinons à élargir, terminer par le retour de l’impitoyable haine de l’étranger, pour clore enfin  l’année par  le mot « Génocide »   revenu du diable Vauvert, par ceux-là même qui en furent victimes. « On ne corrige pas un crime par une injustice » disait fort à propos Edwy Plenel. Les Marchands de Canons sont contents, ça fait gonfler le PIB.    Nous avons tout eu donc, ou presque, nous gardons sous le coude l’anéantissement nucléaire pour l’an prochain ? Décidément, il est plus facile de détruire la Terre que le Capitalisme. Prenons-nous le pari d’avoir pire encore ? Puisque décidément l’horreur n’a rien de pédagogique, jamais le mot Résistance n’aura été plus d’actualité.

 Au milieu de tout cela, j’ai beaucoup lu, réfléchi, partagé,  je me suis enrichi de  la pensée des autres, romans, essais, tout ce qui me passe par la tête, les mains, les yeux et les oreilles, de partages, de lectures, de choix éclectiques , de courriers et d’échanges sur les forums, des chroniques superbes, tantôt concises, tantôt très longues, mes préférées.  J’ai aimé « l’Enragé » de Sorj Chalandon, fait connaitre « Stupeur » de Zeruya Shalev et  « Seul le Grenadier » de Sinan Antoon, encensé le splendide livre de Clara Arnaud « Et vous passerez comme des vents fous », découvert grâce au Groupe le formidable écrivain de l’Ouest Américain Wallace Stegner et  »Sa vie obstinée », accompagné « Le Roman de Jim » de Pierrick Bailly, me suis perdu dans le trop beau « Château des Rentiers » d’Agnès Desarthe, vibré à l’unisson avec « l’Amour » de François Begaudeau, été bouleversé par « Ton absence n’est que ténèbres » du génial Jon Kalman Stefansson dont j’attends comme d’autres,  avec impatience le prochain livre « Beatelien », « Mon Sous-Marin Jaune » en Janvier, dévoré la « Carte Postale » d’Anne Berest et relu le poignant « Mars » de Fritz Zorn, marché avec Erri de Luca dans « Impossible »,  dormi avec Gabrielle Filteau Chiba dans « Sauvagines », beaucoup médité sur « la Clinique de la Dignité », relu inlassablement le dernier « Traité » du toujours jeune et pertinent  « Raoul Vaneigem,  et tant d’autres.    

La littérature nous aide à vivre, à survivre, à oublier, à aimer, à juger et à critiquer, à louer et à enthousiasmer, à regarder le Monde vaciller tout en gardant l’espoir qu’avec nos mots, nos émotions, nos coups de cœur, nos petits riens, à notre niveau, nous puissions encore préserver, protéger, infuser l’amour autour de nous, diffuser et bénir le respect de la Vie humaine avant tout, dessiner l’esquisse d’un Monde que l’on voudrait meilleur. Comme le dit un certain, « plutôt couler en beauté que flotter sans grâce ». Mais comme le dit aussi ce beau proverbe Yiddish que j’ai fait mien, « Ne succombez pas au désespoir, il ne tient jamais ses promesses »

 Alors, le vent se lève, il faut tenter de vivre. Suivons Léonard Cohen qui chantait si bien, « il y a une fissure, une fissure en chaque chose et c’est à travers elle que la lumière pénètre ».

Cap sur un Monde Inconnu, qui se reflète déjà chez nos auteurs et dans nos lectures, (« Triste tigre » de Neige Sinno en est l’emblème)  celui où le patriarcat, ses travers et ses crimes, se brise en éclats de dégout, pour nous embarquer peut-être vers une société de partage, de confiance, de respect et d’égalités des genres, qui nous délesterait  enfin des gestionnaires de cette  société de prédateurs.  

Nous avons tous une responsabilité, individuelle comme collective dans le monde que nous laissons. A nous d’y réfléchir aussi, par nos lectures  nos sélections et nos débats. « L’homme qui ne médite pas vit dans l’aveuglement. L’homme qui médite vit dans l’obscurité. Nous n’avons que le choix du noir » disait Victor Hugo.

Amoureux des livres, de la poésie , des essais, de tout ce qui peut nous élever, écrivains d’un jour ou écrivains de toujours, Amis, connus ou inconnus,  je vous souhaite à tous une belle année 2024.

 « Contre l’injustice éternelle, l’homme doit faire valoir la justice, et pour protester contre l’univers du chagrin, il doit créer le Bonheur ». Albert Camus.

La littérature nous y aide.

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