Philippe Claudel : Crépuscule

Publié le 10 avril 2023 dans la catégorie Pleines lignes.

Dans un pays qui pourrait être la Hongrie, ou la Turquie, ou un mélange des deux. Dans une ville, froide, glaciale, ténébreuse, oppressante, en plein hiver. Le curé du village est retrouvé assassiné. Le policier et son aide sont chargés de l’enquête, le premier, en apparence le plus intelligent des deux, est en réalité boursouflé de suffisance, dépravé, débordé par des pulsions sexuelles permanentes qu’il ne maîtrise pas et qui finiront par avoir sa peau.  Son aide, qui pourrait tout d’abord passer pour un benêt ou un simple, est en réalité pétri d’humanisme, de bonté, de gentillesse, de propreté d’âme, d’humilité. Les autres caractères du livre sont à l’avenant, dépeints sans le plus mince vernis de clairvoyance ou d’aménité.

Racontée ainsi, l’histoire pourrait passer pour banale et cent fois retrouvée au cinéma comme en littérature, celle des couples dissemblables et contradictoires. La force de Philippe Claudel tient dans la langue, dans l’écriture remarquablement ciselée et maîtrisée, qui tient le lecteur en haleine jusqu’à l’oppresser , le rendre mal à l’aise, le plonger dans un état où il a envie de laisser tomber l’histoire sans y parvenir. C’est le tour de force de cet auteur que je connaissais sans n’avoir jamais rien lu de lui, même pas « les âmes grises ». J’ai pensé en le lisant, à Kafka, mais aussi à Orhan Pamuk. En moins bien cependant ! Tout ça pour dire qu’il vaut mieux être bien dans ses pompes et dans sa vie, car ce n’est pas l’humour qui fait briller ce livre, véritablement désespéré, définitivement désenchanté sur l’âme humaine. Enfin, les femmes, où sont-elles, comme toujours réduites à la portion congrue, brisées, fracassées par le sexe masculin, même si c’est une jeune fille qui en représentera l’espérance.

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