Le Roman de JIM
Editions POL
256 pages
Pierrick Bailly, 41 ans, écrivain Jurassien, sept livres au compteur depuis 2008.
Le roman de Jim est peut-être son roman le plus connu, celui qui en tous cas l’a fait connaitre en 2021. Il vient de publier « la Foudre ».
« Le Roman de Jim » que m’a fait connaitre un(e)membre d’un Groupe de Lecteurs , fait partie de ce que l’on peut appeler la littérature réaliste, livres de rue, livres de vie, de travail, livre des humbles, de ceux qui galèrent, subissent la vie, le travail et les accidents improbables du couple. Aymeric, le personnage central est un Intermittent du Travail, de l’Amour, de la Paternité et de la Filiation. Après quelques moisde prison pour une petite escroquerie pas très futée, il retrouve Florence qu’il a connue dans le passé, de 15 ans plus âgée que lui, enceinte de 7 mois, abandonnée et oubliée par le papa de l’enfant qu’elle porte. Très vite Aymeric va devenir amoureux, de Florence et du bébé qu’elle porte, jusqu’à en devenir le père aimant, légitime, le papa adoptif, le papa évident. Le vrai papa. Celui dont la chanson qu’il va spontanément lui fredonner est la chanson popularisée par Tri Yann, plus Bretonne que Jurassienne, « la Jument de Michao », … vous savez bien… « j’entends le loup, le renard et la belette, j’entends le loup et le renard chanter « Nous suivons pendant 10 ans l’amour filial de Jim qui le rendra bien à son père, dans l’Univers Jurassien fort bien décrit et poétiquement partagé. Ils partagent le Foot, la Nature, les fruits sauvages, fabriquent des flèches en noisetier. Jusqu’à ce que le père biologique de Jim repointe le bout de son nez, et que se pose la question, vraie, sinon légitime : mais qui est le papa de Jim ?
C’est un très joli livre, qui se lit vite et bien, surtout en Folio dont on ne saluera jamais assez la qualité de la collection. Le style est simple, enlevé, le style brut de quelqu’un qui bosse et écrit à la fois, qui ne cherche pas la formule parce qu’il la trouve d’emblée. J’ai pensé à du Bukowski parfois, l’alcool et la pochardise en moins. Il pose des questions subtiles, sur la légitimé du père adoptif ou biologique, de la perte des repères d’un enfant, Jim ici, dont l’univers se disloque en de multiples fragments lorsqu’il apprend une vérité que les adultes ne savent pas dire, camouflent, enrobent, plus habités par le mensonge que par la simplicité et la réalité des faits. Les adultes sont souvent très bons pour les bourdes et les bêtises, mais vraiment mauvais pour se mettre en question, incapables d’avouer, de se montrer comme ils sont dans la réalité, cachés derrière une image fausse et un égo qui les emprisonne. On y va même de sa larme vers la fin de l’histoire, qui n’est au fond qu’une histoire de vie pouvant toucher tout le monde. Sans être un grand livre, c’est un beau roman, c’est une belle histoire comme chantait Michel Fugain, une tranche de vie qui brille par la simplicité, et la sincérité et qu’il est impossible de ne pas aimer. Jim pourrait être un de nos enfants, et Aymeric l’un d’entre nous. La dernière page lue, on les garde tous deux dans notre cœur, comme des potes. Pierrick Bailly écrit là une histoire touchante et fort bien rythmée. A lire, offrir, partager.
Sincèrement recommandé.